Développer les énergies renouvelables en prenant en compte la composante environnementale

L’objectif fixé par la commission européenne est que les pays européens génèrent, en 2030, 32% de l’énergie qu’ils consomment de manière renouvelable

Cet objectif a le mérite d’être simple.

Par contre il ne prend pas en compte la structure actuelle de la production d’énergie de chaque pays.

La France, par exemple, produit l’électricité la plus decarbonnée d’Europe, et ce en raison de la production de l’ordre de 80% de cette électricité par des centrales nucléaires, environ 16% par des énergies renouvelables et seulement 4% par des énergies fossiles.

Aujourd’hui, une part importante des ressources financières est dédiée à développer des capacités de production d’électricité additionnelles, principalement par les filières photovoltaïques et éoliennes.

Une première question est de savoir si c’est une bonne allocation de ressources, et si finalement, la majorité des ressources financières ne devrait-elle pas être allouée à la réduction de la consommation d’énergie ? En bref, aux économies d’énergie. En particulier sur le chauffage, qui représente environ 40% de la consommation d’énergie française et est principalement d’origine fossile

A l’impact positif lié à la baisse des émissions de CO2, s’ajouterait un impact positif au niveau économique pour les ménages, qui verraient leur pouvoir d’achat augmenter par une facture de chauffage diminuée

Cela ne permettrait pas d’atteindre l’objectif de 30% d’énergie renouvelable en 2030, mais permettrait en tout cas de réduire de manière notable l’empreinte carbone de la France. N’est-ce pas là finalement l’objectif principal ?

 

Une seconde question est de savoir si, pour la partie allouée au développement des énergies renouvelables, il ne faudrait pas plus prendre en compte les caractéristiques géographiques et environnementales des lieux où elles sont implantées, afin de limiter leur impact sur l’environnement?

Pour illustrer ce propos, prenons l’exemple de Fessenheim : sans revenir sur la décision de fermeture ou non de cette centrale nucléaire, ce qui n’est pas le propos de cet article, il a été indiqué qu’en parallèle à sa fermeture, serait développé une centrale solaire photovoltaïque. Alors que l’Alsace est connue pour son potentiel géothermique important,  la création d’une telle centrale photovoltaïque, couvrant des kilomètres carrés, est-elle un choix approprié, dans une région d’habitat assez dense et où l’usage du sol est aujourd’hui très tourné vers l’agriculture, la conséquence de ces deux points étant que l’espace est rare et cher? Pourquoi se focaliser sur du solaire ? Pourquoi ne pas développer ce potentiel géothermique, alors que trois associés : les sociétés Roquette et Electricité de Strasbourg, avec la Caisse des dépôts, l’ont fait sur le site de Rittershofen, en utilisant cette ressource géothermique renouvelable depuis 2016 pour fabriquer de la chaleur (utilisable pour différents usages, y compris celui du chauffage de locaux et d’eau sanitaire), et ce avec une disponibilité de 8000 heures par an ? Il existe des projets comme à Wissembourg ou Illkirch. Parfait. Transformons les en réalité.

Développer la géothermie en Alsace plutôt que des centrales solaires revient à prendre en compte les caractéristiques locales pour la production d’énergies renouvelables, en minimisant la dégradation de l’environnement

 

Autre illustration : il existe une technologie qui consiste à pomper l’eau d’un niveau bas vers un niveau plus élevé, donc depuis une retenue d’eau basse vers une retenue d’eau haute, afin de créer une réserve d’eau utilisable pour l’hydroelectricté lors de besoin important d’électricité. Il existe 6 sites en France utilisant cette technologie de STEP (station de transfert d’énergie par pompage), représentant 5 GW de puissance. Il n’y a aujourd’hui qu’un seul projet en développement sur la rivière Truyère (Aveyron), alors que la France dispose d’une géographie idéale pour ce type de technologie, avec ses nombreux massifs montagneux et de nombreux barrages existants. Ils peuvent être utilisées soit comme source haute, soit comme source basse. En utilisant un barrage déjà existant, il n’est donc nécessaire d’aménager qu’une seconde retenue d’eau, soit en amont, soit en aval de la retenue existante. L’implantation actuelle de tous les barrages ne permet pas de créer une seconde retenue d’eau, mais parmi les centaines de barrages existants en France, certains le permettent. Et ce n’est pas prévu dans le Plan Pluriannuel de l’Energie, alors que le potentiel identifié est de 6 GW. Dommage car outre le fait que les STEP permettent de développer une énergie renouvelable (l’hydroélectricité), elles ont pour vertu de permettre de stocker l’énergie et d’être alors disponible à souhait : lors d’un pic de production d’électricité, celle-ci est utilisée pour remonter l’eau de la retenue basse vers la retenue haute. En cas de pic de demande, il suffit alors de vider la retenue haute vers la retenue basse en produisant de l’électricité.

Le développement des STEP permettrait non seulement d’augmenter le pourcentage d’énergie renouvelable, ce qui est bien pour l’atteinte de l’objectif européen, mais en plus de stocker l’énergie, répondant ainsi à une problématique pour laquelle il n’existe pas vraiment d’alternative.

Et tout comme la géothermie, c’est non délocalisable, et d’une durée de vie très supérieure à celle des panneaux solaires ou des éoliennes, aujourd’hui de l’ordre de 20 ans environ.

Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas faire de solaire. Mais plutôt que de vastes centrales solaires couvrant des kilomètres carrés, il faudrait continuer à développer une production photovoltaïque (sans oublier, au passage, le thermique), décentralisée, individuelle, sur des toits déjà existants, ne nécessitant donc pas d’utiliser des surfaces uniquement dédiées à la production d’électricité, et permettrait donc de sauvegarder les surfaces de nos prairies et de nos forets. Tout en augmentant la part d’énergie renouvelable, ce qui contribuerait à se rapprocher de l’objectif de 32%

 

Développons les énergies renouvelables en les intégrant le mieux possible à l’environnement. Dégrader notre environnement pour produire de l’énergie n’est certainement pas la bonne méthode.

 

 

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