Transition énergétique : ce que l’épisode des piscines nous enseigne

Il y a quelques semaines, la fermeture d’un certain nombre de piscines municipales qui ne pouvaient plus faire face à la charge financière induite par le chauffage de l’eau faisait grand bruit dans les médias.

Des accords financiers ont généralement été trouvé pour les maintenir en fonctionnement, permettant aux utilisateurs de continuer leurs activités de natation, et la pression médiatique est retombée.

En fait, la grande majorité de ces piscines utilisaient du gaz pour le chauffage de l’eau et des locaux, et elles continuent à le faire. Avec quelques aménagements : baisse d’un degré de la température de l’eau, modulation dans le chauffage des locaux, en bref quelques économies, mais pas de changement fondamental. On continue de bruler quasiment les mêmes quantités de gaz.

Et c’est bien là que se situe le problème.
La situation financière a été résolue, pas la situation environnementale !
A l’heure où la réduction des émissions de CO2 devrait être la priorité, où la sobriété énergétique devrait être la règle, les piscines continuent à bruler du gaz.

A minima, la réouverture des piscines aurait dû être conditionnée à la mise en place d’un plan de réduction de l’utilisation des combustibles fossiles au cours des prochains mois / prochaines années.

Car des solutions existent.
Et certaines piscines, peu nombreuses certes, les ont mises en œuvre et ont déjà réduit au cours des dernières années la consommation de combustibles fossiles.
Que les équipes qui ont pris ces initiatives en soient félicitées.

Un mot sur l’aspect thermique : il faut bien visualiser que déjà au départ, le fait de bruler du gaz, dont la température de flamme est de l’ordre de 1500 degrés Celsius pour faire de l’eau à  …. 27 degrés Celsius est une hérésie thermodynamique. Il existe moult autres manières plus efficaces énergétiquement parlant d’obtenir de l’eau tiède.

Les capteurs solaires thermiques par exemple, plans ou cylindriques. Ils se posent généralement sur les toits des piscines.  Ils permettent d’assurer au moins 80% des besoins en eau à une température supérieure à 30°C pendant les 6 mois les plus chauds de l’année, et pour les autres mois, ils permettent d’apporter une partie des calories nécessaires. Une telle situation nécessite alors un apport de chaleur additionnel pour les périodes où le soleil n’apporte pas assez de calories pour les besoins de la piscine. Cette installation complémentaire peut être à base d’électricité – très modulable, où avec une connexion à un réseau de chaleur lorsqu’il y en a un à proximité, où finalement avec la chaudière à gaz existante avant l’installation des capteurs solaires

Les pompes à chaleur, qui prélèvent les calories dans l’air extérieur, où dans une rivière, voire dans le sol dans le cas d’un couplage avec une approche géothermique, permettent l’obtention d’une eau à 27°C toute l’année. De manière très spécifique, une pompe à chaleur récupérant les calories des eaux de douche pour les remonter thermiquement à plus haute température et les réinjecter dans le circuit d’eau alimentant la piscine est également possible.

La récupération des calories rejetées par des processus industriels. C’est valable lorsque les piscines sont situées pres de lieux industriels qui produisent des effluents dits à basse température, dont il est alors possible de récupérer la chaleur dite fatale par le biais d’échangeurs thermiques adaptés à chaque situation spécifique

Le couplage de ces différentes solutions est bien sûr également possible.

Leur mise en œuvre permet généralement de réduire d’au moins 50% la consommation d’énergie fossile, ce pourcentage pouvant aller jusqu’à 100% lors de configuration favorable.

Finalement, les solutions techniques existent pour réduire de manière significative l’utilisation de combustibles fossiles pour le fonctionnement des piscines
A part de rares exceptions, elles n’ont pas été mises en œuvre car les exploitants de piscines vivaient dans le confort de disposer d’une énergie disponible et peu chère. Donc pourquoi changer une telle situation, alors que la mise en œuvre de solutions alternatives, énergétiquement vertueuses certes, était plus chère car nécessitant des investissements additionnels.

Aujourd’hui, ces changements deviennent impératifs sous la pression économique. Espérons qu’ils seront effectivement mis en œuvre. En tout cas, il apparait clairement que la prise en compte de l’impact environnemental seul n’est pas encore un driver assez fort pour modifier les comportements.

Cet exemple des piscines illustre bien les freins à la transition énergétique : le statu quo est plus confortable que le changement et souvent plus économique, alors que des solutions alternatives et énergétiquement plus vertueuses existent.
Mais ne nous trompons pas : la réduction de nos consommations d’énergie fossile est une priorité. Il faut intégrer ce point dans nos critères de prise de décision, et ne pas attendre d’y être contraint une fois le dos au mur.

Imprimer

Laisser un commentaire

Fermer le menu
Your Name *
Your Email *

Subject

Your Message