Energies intermittentes : à quand un « Plan Stockage » ?

Un plan de stockage est le complément indispensable au développement des sources d’énergie intermittentes

 

De manière régulière, de nouveaux projets de centrales solaire ou photovoltaïque sont annoncés, avec chiffres de puissance installée à l’appui, et des promesses de fourniture annuelle conséquentes en termes de KWH

Cette puissance installée donne l’illusion que la demande en électricité sera couverte par ces moyens de production additionnels

Ce n’est qu’une illusion, car cette puissance n’est pas mobilisable sur demande

L’intermittence de ces sources d’énergie est une réalité : tant qu’il y a du soleil et du vent, il y a production d’électricité. Parfois même trop, avec un surplus de production, pouvant amener l’électricité à un prix négatif sur le marché. Mais il existe des périodes nocturnes et sans vent, où la production d’électricité peut tomber à zéro. Et ce quel que soit la puissance installée de ces sources d’énergie intermittentes.

Ce n’est pas pour autant qu’il faut se priver de ces sources d’énergie intermittentes. Il faut simplement être conscient que, du fait de la variabilité des conditions météorologiques et des cycles jours/nuits, la réalité quotidienne en termes de fourniture d’électricité peut être très différente de celle donnée par des valeurs moyennes

Et il convient alors de prendre les mesures appropriées : en fait, aujourd’hui, il manque simplement une pièce à la chaine de fourniture d’électricité : elle est mentionnée partout, c’est une évidence pour tous, et elle n’est pas mise en œuvre : il s’agit du stockage de l’électricité

 

Différents modes de stockage de l’électricité existent.

  • D’abord, dans des batteries. On en mesure tout de suite les limites physiques – un kilo de batterie lithium-ion permet de stocker 150 WH – donc ce type de stockage ne peut être qu’un tampon très ponctuel et de puissance limitée. Mais utile dans une gamme de 0 à quelques dizaines de MW pour un stockage de quelques dizaines de MWH, avec un rendement supérieur à 90%

Ensuite l’électricité peut se stocker de manière indirecte par le biais de vecteurs permettant sa production : l’hydrogène et l’eau

  • Pour ce qui est de l’hydrogène, de nombreux projets sont développés sur la base du cycle : électrolyse de l’eau avec de l’électricité fournie par du solaire ou de l’éolien (dénommé hydrogène vert), stockage de cet hydrogène, puis fourniture d’électricité par le biais des piles à combustible. Le rendement est à ce stade de l’ordre de 40%, et la taille des réalisations actuelles est encore très faible. Mais le principe est prometteur.

 

  • Le stockage par le biais de l’eau est aujourd’hui le plus abouti, et celui qui permet de stocker les plus grandes quantités d’équivalent KWH, avec des puissances de plusieurs GW.

Pour être répétitif avec une certaine fréquence, le stockage de l’eau doit se faire par le biais de STEP (Station de Transfert d’Énergie par Pompage), plus couramment dénommées Pompage/Turbinage : deux barrages à des niveaux différents, l’eau étant pompée du niveau le plus bas vers le niveau le plus haut en période de surplus d’électricité et turbinée du haut vers le bas en période de carence d’électricité. Vertu de ce système : reproductible un grand nombre de fois. Avec un rendement proche de 80 %. 6 STEP principales sont déjà en activité en France, pour une puissance totale de 5 GW, la plus importante étant la STEP de Grand Maison -Vernet : 1,8 GW. Mais elles ne sont pas assez nombreuses et ne représente plus une puissance suffisante pour combler les gaps de fourniture d’électricité. Il existe de nombreux sites aménageables et plusieurs projets (vallée de la Truyère, de la Durance, etc…) – malheureusement tous à l’arrêt aujourd’hui, plus pour des raisons politiques que pour des raisons techniques.

Continuons ce vaste programme de la transition énergétique, dont le développement des énergies intermittentes.  En parallèle, mettons en place une réel « Plan Stockage ». Débloquons ces projets de STEP aujourd’hui à l’arrêt, et accélérons encore sur la production d’hydrogène vert, les unités de stockage et les piles à combustible associées.  Et vite ! Avant que la réalité ne nous rattrape par un de ces froids jours d’hiver, se soldant par des ruptures sur le réseau électrique, et une incompréhension du grand public qui aura entendu moult discours indiquant qu’avec toutes ces nouvelles installations solaires et éoliennes, l’approvisionnement en électricité était assuré. Et ce sans centrales à charbon et sans Fessenheim.

 

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