Mobilités : et si l’on passait à l’hydrogène ?

La pile à combustible est une alternative séduisante aux batteries et aux moteurs thermiques pour le train, le bus ou encore l’automobile. Il ne manque plus qu’un réseau de distribution à la hauteur. Et un système de production d’hydrogène soucieux de l’environnement.

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Dans la recherche d’une mobilité plus propre, on en oublierait presque la pile à combustible, tant la batterie suscite l’attention. Or la batterie n’est pas la seule option pour la mobilité du futur, loin de là. Son poids et sa lenteur de recharge sont des inconvénients bien connus, qui font qu’il n’y a pas eu jusqu’à présent de rush massif vers les solutions batteries.

Tous les moyens de locomotion terrestre peuvent fonctionner avec des solutions à l’hydrogène.

Trains et tramways

Les trains à hydrogène, fonctionnant à l’aide d’une pile à combustibles sont une réalité. La région de la Basse-Saxe (Allemagne) a acheté à Alstom les premiers trains à hydrogène et les a mis en circulation en septembre 2018.  Environ 1.000 kilomètres d’autonomie, quelques minutes seulement pour remplir les réservoirs d’hydrogène, une rame silencieuse, pas d’émission de CO2 ni de particules fines.

En France, les trains à hydrogène seraient idéals pour les lignes régionales TER sur lesquels circulent encore aujourd’hui des locomotives diesels. Au moment de les renouveler, l’option diesel n’est clairement plus d’actualité. Alors une locomotive électrique ? Electrique, oui, mais pourquoi aller installer une infrastructure, avec poteaux et caténaires, alors que le train à hydrogène n’en a pas besoin. C’est là l’une des grandes vertus de l’hydrogène : pas d’électrification de ligne à prévoir, pas d’infrastructure à installer le long et au-dessus des voies. Une vraie économie. Et un avantage environnemental. L’approvisionnement en hydrogène ? Il suffit d’une seule installation dans un dépôt ferroviaire pour couvrir les besoins des trains qui y reviennent de manière récurrente.

Même approche pour les trams. Fini les infrastructures aériennes pour apporter l’électricité. Une station d’approvisionnement localisée dans le dépôt des trams permettra une recharge en hydrogène une fois par jour. Bien suffisant pour l’autonomie d’un tram.

Bus, automobile et… vélo

Les bus ? Fini le diesel. Là encore, l’hydrogène est une réalité. Des bus à hydrogène sont entrés début novembre dans leur phase de commercialisation dans le Pas-de-Calais. A terme, six bus assureront la desserte d’une ligne de 13,4 kilomètres entre Béthune et Bruay.  Une autre ligne, entre Jouy-en-Josas et Versailles (Yvelines) est également entrée en fonctionnement depuis quelques mois. Pau (Pyrénées-Atlantiques )  vient de se lancer. Et de nombreux projets sont dans les cartons dans différentes villes de France.

Les véhicules automobiles avec pile à combustibles alimentés à l’hydrogène fonctionnent également depuis plusieurs années. Autonomie : de l’ordre de 500 kilomètres. Jusqu’à présent l’apanage des sociétés sud-coréennes et japonaises, ces dernières équipant d’ailleurs la société de taxis Hype à Paris, qui se ravitaillent dans l’un des stations de recharge à hydrogène situé en région parisienne : Orly, pont de l’Alma, Versailles. Et les constructeurs français ? Renault vient de rejoindre ce club des fabricants de véhicules à pile à combustible, avec le Renault Master qui sera commercialisé en 2020.

Même les vélos à hydrogène sont déjà commercialisés. La jeune société Pragma localisée à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) s’est fait connaître largement lors du dernier G7 avec son vélo alimenté par l’hydrogène. Pour le moment avec un réservoir d’hydrogène, et en projet avec un modèle présentant une vraie rupture technologique, toujours à hydrogène.

Un réseau de distribution confidentiel

Si l’autonomie n’est pas un problème, la problématique est l’accès à l’hydrogène. Pas de réseau développé à ce jour, même s’il y a des projets pour équiper des stations-service. Aujourd’hui, l’usage est de ce fait limité à celui de flottes autour d’un point central équipé d’une station d’approvisionnement.

Trains régionaux, bus, trams, véhicules de La Poste où d’administration locale ou régionale peuvent se déployer dans ce type d’organisation. Plus difficile à ce stade pour les particuliers. Le développement de l’hydrogène à large échelle passera par un maillage du territoire en stations d’approvisionnement

Produire vert

La production d’hydrogène est souvent pointée du doigt comme étant peu vertueuse au niveau écologique. C’est vrai pour les méthodes traditionnelles de fabrication d’hydrogène à partir d’hydrocarbures. Mais le futur peut être différent : l’idéal est de le produire par électrolyse à partir d’électricité renouvelable.

Excellente solution d’ailleurs pour le stockage d’énergie de type intermittente. Nos grands champions nationaux ne s’y sont pas trompés : le projet de Hygreen Provence, partenariat entre Air Liquide, Engie et l’agglomération Durance-Luberon-Verdon sera lancé en 2021 et permettra la production d’hydrogène à large échelle à partir d’énergie solaire photovoltaïque.

 

Avec ses champions déjà à l’œuvre, la France est remarquablement positionnée pour développer et généraliser les usages de l’hydrogène dans les moyens de locomotion. Attention, d’autres pays ont également senti le sens de l’histoire. Il est notoire que la Chine souhaite devenir la référence en terme de moyens de locomotion alimentés par de l’hydrogène.

 

 

 

 

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