Quand la réglementation conduit à augmenter les émissions de CO2

La réduction des émissions de CO2 est aujourd’hui un objectif qui devrait se retrouver dans nos règlementations.

Pourtant, il y a encore aujourd’hui des réglementations dont l’application conduit à une augmentation des émissions de CO2 alors que des solutions alternatives moins génératrices de CO2 existent.

 

Un exemple concret :

Lors de la construction d’une nouvelle habitation, il y a un choix à faire au niveau du type de chauffage.

Jusqu’à fin 2020, la règlementation thermique qui s’applique pour les maisons individuelle est la RT2012.

Chaque bâtiment est classé selon 2 critères :

* l’un sur sa consommation d’énergie primaire

* l’autre sur les émissions de gaz à effet de serre (dans le cas des bâtiments, le CO2)

 

Le critère auquel il est donné le plus d’importance aujourd’hui est le premier, la RT 2012 ayant pour but de réduire la consommation des bâtiments à 50 Kwh d’énergie primaire par an et par m2. Un bâtiment avec une consommation d’énergie primaire inferieure à 50 Kwh/m2/an sera classé « A ». Un bâtiment sera classé « B » lorsque sa consommation d’énergie primaire comprise entre 51 et 90, et classé « C » entre 91 et 150.

 

Mais la consommation d’énergie primaire, c’est quoi ?

La consommation d’énergie primaire est distincte de la consommation finale du bâtiment : cette dernière est celle qui se mesure sur le compteur individuel localisé dans le bâtiment. La consommation d’énergie primaire, elle, est une consommation recalculée et qui varie selon le type d’énergie. Pour le gaz et pour le bois, par exemple, la consommation d’énergie primaire est bien égale à l’énergie finale consommée. Par contre, pour l’électricité, l’énergie prise en compte est une énergie recalculée, obtenue en prenant l’énergie finale consommée (celle qui se mesure sur le compteur électrique du bâtiment) multipliée par un coefficient de 2,58.

 

Dans la pratique, qu’est-ce que cela signifie :

Que pour une classification donnée, un bâtiment chauffé au gaz est 2,58 fois moins bien isolé qu’un bâtiment chauffé à l’électricité. Dans la pratique, dans un tel bâtiment, la consommation finale d’énergie mesurée sur le compteur de l’habitation en KWH sera 2,58 fois plus élevée avec un chauffage au gaz qu’avec un chauffage électrique.

Ou dit d’une manière différente :

Que pour une même isolation, et donc une consommation d’énergie finale identique, celle qui se mesure sur le compteur de l’habitation en Kwh, un bâtiment chauffé au gaz se verra doté d’un meilleur coefficient que le même bâtiment chauffé à l’électricité.

 

Concrètement :

Un bâtiment avec une isolation limitant les déperditions d’énergie finale à 50 Kwh/m2/an, sera classé

  • « A » avec un chauffage au gaz, car sa consommation d’énergie primaire sera 50 x 1 = 50 Kwh/m2/an
  • « C » avec un chauffage électrique car sa consommation d’énergie primaire sera 50 x 2,58 = 129 Kwh/m2/an

Eh oui, la performance énergétique n’est pas une caractéristique du bâtiment comme on pourrait le croire, elle dépend en fait de son type de chauffage.

 

Dans sa forme actuelle, la règlementation sur la classification des bâtiments favorise donc les chauffages émetteurs de CO2, au détriment de chauffages non émetteur, ou très faiblement émetteur, de C02.

Etonnant à l’époque où dans le même temps, des mesures strictes de bonus malus sont mises en place concernant les véhicules automobiles pour réduire les émissions de CO2 (et autres effluents ou particules fines) et favoriser les motorisations électriques (batteries ou piles à combustible)

 

D’où vient ce coefficient de 2,58 ?

Il a été crée en 1972, à une époque ou l’électricité était produite principalement à base d’énergie fossile. Le principe était de dire que pour un Kwh effectivement disponible sous forme d’électricité, il avait fallu consommer 2,58 Kwh sous forme d’énergie primaire, c’est à dire d’énergie fossile, avec un rendement de l’ordre de 40% pour produire et transporter cette électricité.

Mais aujourd’hui, l’énergie électrique est pour 75 %d’origine nucléaire et proche de 20% pour les énergies renouvelables (hydraulique, éolien et solaire). L’énergie électrique obtenue à base d’énergie fossile ne représente plus que quelques pour cents dans la production totale. Alors pourquoi vouloir rapporter cette production d’électricité à une consommation d’énergie fossile purement virtuelle ? On compare une énergie fossile réellement consommée (le gaz dans notre exemple) à une énergie fossile purement virtuelle, et d’autant plus virtuelle que l’électricité n’est réellement fabriqué que pour quelques % par des énergies fossiles. Il n’y a plus de quoi justifier aujourd’hui ce coefficient de 2,58 en France.

 

Aujourd’hui, il est impératif et urgent de modifier la règlementation actuelle sur la classification les bâtiments, en prenant en compte la consommation effective finale du bâtiment, et non plus une consommation recalculée en fonction du mode de chauffage utilisé, qui a pour conséquence de favoriser les chauffages émetteurs de CO2.

 

A noter qu’il serait même possible d’aller plus loin en créant un système de bonus malus pour le chauffage, qui par cohérence avec ce qui est fait pour les voitures, favoriserait les énergies non émettrices de C02, et pénaliseraient les énergies émettrices de CO2. Le coefficient à appliquer à chaque source d’énergie serait d’autant plus fort que cette source d’énergie serait émettrice de CO2 (et d’autres effluents ou particules fines). Cela permettrait réellement de favoriser le chauffage avec des énergies non émettrices de CO2, et donc de réduire en final les émissions de CO2.

 

 

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