Faisant suite à une directive européenne, l’état français a mis en place depuis une vingtaine d’année une politique de rachat de l’électricité d’origine renouvelable en lui appliquant des tarifs réglementés. Dans ce cadre, il garantit aux producteurs d’électricité d’origine photovoltaïque pour l’électricité produite :
- un prix de rachat fixé dès l’origine
- garanti une durée de 20 ans
- et ce quel que soit le niveau de demande. Dès qu’elle est produite, l’électricité d’origine photovoltaïque est sûre d’être vendue. Les producteurs n’ont pas à se soucier de savoir s’il y a de la demande pour leur électricité. Cette électricité est prioritaire sur les autres, et ce sont aux producteurs d’électricité non renouvelable (d’origine nucléaire ou de combustibles fossiles) d’effectuer les ajustements de leur production pour équilibrer l’offre et la demande. Le solaire ne contribue d’ailleurs pas à la couverture des pics de consommation hivernaux, qui se situent entre 19 heures et 20 heures. Le très faible développement de systèmes de stockage qui permettraient de stocker l’électricité produite en journée pour aider à passer les pics de consommation de soirée, sont rares et ont un cout qui s’ajoute à celui de l’installation solaire elle-même.
Il y a une vingtaine d’année, les premiers contrats ont été signés avec un prix de rachat du MWh de l’ordre de 600 €. Par la suite, et en particulier compte tenu de la baisse des prix des panneaux solaires photovoltaïques, les tarifs de rachat ont diminué. En 2024, les contrats pour le second trimestre 2024 étaient dans une fourchette de 114 à 143 €/MWh dans le cadre de la vente en totalité de la production, selon la puissance installée.
A titre de comparaison, le prix de l’électricité d’origine nucléaire vendue par EDF dans le cadre du mécanisme de l’ARENH (Accès Réglementé à l’Électricité Nucléaire Historique) est de 42 €/MWh. Ce prix de 42 €/MWh, validé par la Commission de Régulation de l’Energie, est par construction supérieur au prix de revient de d’EDF.
Aujourd’hui, le prix de rachat de l’électricité d’origine photovoltaïque garanti par l’État est très supérieur à celui de l’ARENH. Le consommateur paie donc plus cher l’électricité d’origine photovoltaïque que nucléaire.
Dans la pratique, la production d’électricité photovoltaïque est vendue sur le marché de l’électricité, au prix du marché. C’est EDF qui est l’intermédiaire pour ces opérations d’achat / revente. Comme les prix garantis aux producteurs d’électricité photovoltaïque sont de manière générale supérieurs au prix du marché, un mécanisme de compensation a été créé pour que cette différence de prix soit remboursée à EDF. Cette compensation est en finale payé par le consommateur sous forme d’une taxe sur chaque kWh consommé. Elle représentait une très grande partie de ce qui s’appelait à l’origine la CSPE (Contribution au Service Public de l’Électricité), et a été remplacée aujourd’hui par une aujourd’hui taxe dénommée « accise sur l’électricité » qui s’élève à 21 € /MWh pour les particuliers, avec une cible de 32 € /MWh à partir de février 2025. Aussi bien la CSPE antérieurement, que la taxe « accise sur l’électricité » aujourd’hui, figure à la fin de la facture d’électricité de chaque consommateur. Le surcout lié à la production des énergies d’origine photovoltaïque et éolienne augmente donc le prix général facturé au consommateur d’électricité
Le développement des énergies renouvelables (photovoltaïque et éolien) a donc un cout : cette compensation représente aujourd’hui plusieurs milliards d’Euros annuellement et est intégrée à la facture de tous les consommateurs d’électricité.
Il doit être clair que tant que cette compensation existe, c’est donc que le cout facturé pour cette électricité d’origine renouvelable est supérieur au cout moyen du marché.
Ce qui ne va pas tout à fait dans le sens de discours que l’on entend souvent sur le fait que l’électricité d’origine renouvelable serait finalement bon marché.
Une exception cependant : pendant plusieurs mois qui ont suivi l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les prix de l’électricité sur le marché se sont envolés, situation qui a vu la mise en place de mesures particulières, comme la suppression momentanée de la taxe « accise sur l’électricité ». Dans ces conditions, avec un prix de vente très au-dessus des prix de rachat garanti, les producteurs d’électricité photovoltaïque ne recevaient plus de compensation, mais ont même versé une contribution à l’État.
Première fois qu’une telle situation arrivait depuis la mise en place des tarifs garantis, d’où la dénomination de « situation exceptionnelle ». Dans la situation générale, la compensation versée aux producteurs d’électricité d’origine éolienne ou photovoltaïque s’élève bien à plusieurs milliards par an.
Compte tenu de ces montants et dans le cadre d’une bonne gestion des deniers publics, il est légitime de se poser la question si les prix de rachats de l’électricité d’origine photovoltaïque sont bien calibrés, où s’ils ne sont pas trop élevés ?
Un premier élément à prendre en compte est le prix de revient du kWh produit : quel est le prix de revient du KWh produit ?
Dans son interview sur Ecorama du 3 juillet 2024 (lien ci-dessous), Xavier Barbaro indique un prix de revient entre 50 et 80 € / MWh selon la taille de l’installation solaire
(entre 8minutes 30 et 8 minutes 50)
Soit entre 5 et 8 centimes par kWh, donc très inférieur au prix de vente garanti qui est entre 11 et 14 centimes par kWh.
Un second élément est celui de la rentabilité : est-il rentable pour un producteur de se lancer dans le développement d’une installation solaire photovoltaïque ?
Si l’on en croit les propositions faites par ces mêmes producteurs lorsqu’ils recherchent des cofinanceurs de projet, cette activité est très rentable : par exemple, pour une installation en revente totale, la société « Aplusenergies » indique un taux de rentabilité à plus de 12% : https://projet.aplusenergies.fr/investissement-panneaux-solaires/ . Et ce pendant 20 ans. Avec un niveau de risque pratiquement 0 puisque l’état garanti le rachat de l’électricité produite pendant 20 ans.
C’est très supérieur au rendement des fonds Euros ou des livrets A, qui est proche de 3%
Par ailleurs, le fait que les fonds de pensions anglo-saxons cherchent à acquérir des centrales photovoltaïques pour les intégrer dans leur portefeuille de fonds, confirme que ce sont des activités attractives d’un point de vue financier, délivrant un rendement assuré pour un niveau de risque très faible.
Ces éléments sont des premiers indicateurs suggérant que les prix de rachat pourraient être revus à la baisse, en prenant pour référence une rentabilité un peu moins élevée puisque le niveau de risque de l’investissement est pratiquement nul du fait de la garantie de rachat sur 20 ans de l’électricité produite
Maintenant, toutes les installations n’arrivent peut-être pas au prix de revient aussi faible que celui mentionné par Xavier Barbaro : certains producteurs pourraient indiquer que les frais de mise en œuvre sont élevés, ce qui justifie un prix de rachat plutôt élévé.
En fait c’est le contraire : un prix de rachat moindre inciterait les producteurs à rechercher des solutions économiques pour développer leurs projets.
Ce qui n’est pas forcément le cas aujourd’hui.
Un exemple : le support pour l’installation photovoltaïque : si l’idéal est d’utiliser des toits de bâtiments pour éviter une emprise au sol de l’installation photovoltaïque, cette solution n’est pas largement mise en œuvre, bien au contraire, et les producteurs sont à la recherche de terrain pour y installer leurs panneaux photovoltaïques au sol : et ils sont même prêts à payer très chers pour louer ces terrains.
A titre d’exemple : le site suivant https://monterrain.fermesolaire.fr/ propose jusqu’à 5 000 € par an pour la location d’un hectare pour y installer une unité de production d’électricité photovoltaïque
Ce qui est très élevé.
A titre de comparaison, le prix d’achat d’un hectare de prairie en 2024 est de l’ordre de 7 000 €. Sur cette base de location, le rendement annuel de la location d’un terrain est de 71% par an. Très supérieur au livret A !
Ce même hectare, planté de blé tendre, dont le rendement est de l’ordre de 8 tonnes par hectare, et dont le prix de vente est d’environ 240 € / tonne, permettrait donc un chiffre d’affaires de l’ordre de 2 000 € / an.
Lorsqu’un agriculteur qui exploite une terre permettant de générer un revenu de 2 000 €/ an, ce qui se traduit par un profit forcément plus faible car il faut retrancher de ce montant les frais d’exploitation, se voit offrir un montant de 5000 €/an, donc deux fois et demie supérieur au revenu qu’il pourrait en tirer par une activité agricole, et ce sans fournir aucun effort, il peut effectivement être très tenté de le mettre en location.
Dans la pratique, les panneaux photovoltaïques ne sont pas installés sur des terrains destinés à la culture de blé, mais sur des prairies dont le revenu est encore plus faible que celui des terrains plantés en blé. Ce qui rend l’offre de location encore plus attractive, puisque les revenus de l’agriculteur y sont plus faibles que pour un terrain planté en blé.
Une activité, en l’occurrence une unité de production d’électricité photovoltaïque, capable de proposer de tel prix pour la location d’un terrain, a clairement une possibilité de réduire ses couts en proposant des tarifs de location moindre et qui seraient pourtant encore attractifs
Cet exemple indique bien qu’il n’y a pas assez de pression pour réduire les couts aujourd’hui puisque la rentabilité est de toute façon assurée, même avec des prix de location de terrain élevés.
En conclusion, ces éléments sont des premiers indicateurs que les prix de rachat de l’électricité photovoltaïque sont trop élevés, et ce en particulier compte tenu du risque 0 encouru au niveau commercial : la production de cette électricité est certaine d’être écoulée, que le marché en ait besoin ou pas, et a un prix garanti pendant 20 ans.
Ce prix élevé ne favorise pas la recherche de solution à moindre cout, comme l’exemple du prix de location des terrains le montre
Il serait judicieux pour les finances publiques que ce prix soit revu significativement à la baisse pour 2025 et les années suivantes : l’objectif n’est pas un ralentissement du développement des énergies renouvelables, mais bien, en cherchant à réduire le montant de la compensation versée aux producteurs d’électricité photovoltaïque, celui d’une bonne gestion des deniers publics, alimentés, s’ils étaient besoin de le rappeler, par les impôts et taxes payés par les consommateurs.
Descheemaeker
18 Sep 2024Super exposé
Mais on oublie que les recettes sont imposées
Que la production varie énormément
Qu il faut les entretenir ou nettoyer
Qu elle diminue avec le temps