Des pistes pour un vrai plan d’actions sur le climat

Un plan d’action sur le climat doit avoir pour objectif de réduire la consommation d’énergie en général, et tout particulièrement celle d’énergies fossiles, émettrices de CO2, particules fines et autres effluents.

Monsieur Nicolas Hulot, Ministre de la transition écologique et solidaire, a appelé il y a quelques jours à une union sacrée sur le climat. C’est une initiative qui doit être soulignée et qui peut effectivement fédérer de nombreuses personnes. Au delà du concept général, il a été annoncé qu’un plan d’actions sera présenté dans le courant du second semestre 2018, d’ailleurs tout comme la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE)

Espérons que l’élaboration de ces plans sera l’occasion de se refocaliser sur des concepts importants, alors que les actions initiées jusqu’ici n’ont pas toujours été à la hauteur des attentes, et également de mettre en place des politiques incitatives, mais également directives et volontaristes, et finalement de modifier des incohérences qui sont apparues au fil des années, en particulier sur les aspects règlementaires.

Réduire la consommation énergétique

Avant de lister ci-dessous quelques exemples, il paraît important de rappeler que le point de départ d’un plan d’actions sur le climat et d’une programmation pluriannuelle de l’énergie doit avoir pour objectif de réduire la consommation d’énergie en général, et tout particulièrement celle utilisant des énergies fossiles, émettrices de CO2, particules fines, et autres effluents.

 

Le chauffage des habitations représente environ 40% de la consommation d’énergie française. L’isolation des maisons devrait être un objectif majeur, c’est clair. Un objectif général à 20% d’économie d’énergie, avec une politique ayant d’une part une composante incitative, et d’autre part une composante volontariste et directive, pourrait être atteignable dans un délai assez court : double vitrage, isolation de combles, isolation extérieure lorsque c’est possible, changement de matériel de chauffage ou de type de chauffage, etc…. Pourtant, les faits ne sont pas à la hauteur des enjeux : pourquoi l’objectif d’isoler 500.000 maisons par an qui avait été fixé vient d’être revu en baisse. Pourquoi avoir réduit, puis supprimé les incitations fiscales relatives à l’isolation des maisons avec des doubles vitrages ? Des incitations sur une base multicritères sont certes à l’étude. Cela étant, si l’incitation n’est pas simple et facilement lisible, elle ne sera pas effective. Résultat : le nombre de passoire thermique reste élevé. Il faut changer cela par une politique incitative, directive et volontariste, et des règlementations adaptées.

Un malus pour les climatiseurs ?

L’utilisation de la climatisation a tendance à s’étendre en été. Et pourtant, il existe des solutions passives qui peuvent réduire, voir éviter l’utilisation de la climatisation : la pose de stores vénitiens extérieurs, et plus généralement tous système évitant au soleil d’entrer à l’intérieur des habitations, est efficace pour éviter la montée des températures à l’intérieur des habitations. L’usage de tels matériels devrait être favorisé par une politique incitative, le financement de cette incitation étant réalisé par un « malus » sur tout achat de climatiseur

Faire évoluer les règles 

Des zones à faible émission ont été identifiées : excellent initiative, l’objectif étant de réduire dans ces zones les émissions de CO2 (et autres polluants émanant de la combustion de combustibles fossiles : particules fines, oxyde d’azote, ozone, etc…)

La réduction des émissions des véhicules automobiles, conséquence de la moindre consommation de carburant fossile, est une composante qui a été parfaitement identifiée.

Hélas, la focalisation s’est limitée aux véhicules automobiles.

La règlementation sur le chauffage dans les nouvelles constructions (RT 2012) est restée inchangée : elle favorise le gaz où le chauffage au bois, émetteur de particules fines, et pénalise l’usage du chauffage électrique, pourtant très adapté aux maisons bien isolées, ce qui est le cas de l’habitat neuf. M Brice Lalonde a demandé la suppression de cette réglementation, aujourd’hui totalement inadaptée. Le sera-t-elle dans le cadre de l’un de ces plans ?

Par ailleurs, encore récemment, a été autorisée en zone à faible émission l’installation de centrale thermique au bois, avec l’argument que le bois est une énergie renouvelable. N’empêche que localement, sa combustion crée du CO2 et des particules fines. Et ce sont justement ces éléments que l’on recherche à limiter dans les zones à faible émission. L’interdiction de telles centrales, et plus généralement d’industrie à fort taux d’effluents dans ces zones à faible émission, sera-t-elle mise en place dans le cadre de l’un de ces plans, où la focalisation ne va-t-elle rester que sur les véhicules automobiles ?

 

La production d’énergie électrique devra être augmentée, puisque les plans auront pour conséquence de réduire la consommation générale d’énergie, et de manière significative la consommation d’énergies fossiles, mais d’augmenter un peu celle d’énergie électrique. Cette énergie électrique additionnelle devra bien sur être d’origine decarbonnée et idéalement produite à partir d’énergies renouvelables. Il y a un généralement consensus sur cette approche, le point sensible étant l’aspect économique. Dans ce contexte, peut se poser la question : pourquoi fermer les centrales nucléaires qui peuvent fonctionner encore avec un cout de production faible ? Les fonds rendus ainsi disponibles par l’utilisation pendant une durée plus longue des centrales nucléaires pourraient être utilisés pour développer des solutions de production et de stockage pérenne, plutôt que de le faire en ponctionnant encore le pouvoir d’achat des Français : par exemple, dans le cadre du dossier éoliennes marines, la garantie de prix du KWH à 15 centimes d’euros pourrait couter 14 milliards d’Euros aux consommateurs pendant les 20 années d’exploitation prévues.

Des choix politiques

Fermer des centrales nucléaires alors qu’elles pourraient fonctionner plus longtemps sous réserve que l’autorité de sureté nucléaire donne les feux verts pour cela, relève d’une décision politique, et certainement pas technique ou économique. Cette décision politique ne devrait-elle pas être reanalysée ?

Actuellement, le potentiel hydroélectrique de la France est sous employé : le développement de STEP (station de transfert d’énergie par pompage) est important en France. Les STEP permettent par ailleurs de stocker l’énergie, ce qui est rare avec les énergies renouvelables et leur développement devrait donc être une priorité. Pourtant, seul un projet mineur est prévu pour la prochaine décennie. C’est maigre. Il faudrait qu’un nombre plus important de projets de STEP soit intégré aux plans à venir.

Quant au solaire, pourquoi envisager de couvrir des surfaces importantes de panneaux solaires pour des centrales solaires gigantesques alors que la sauvegarde des espaces naturels existants et la limitation des surfaces dites « imperméables » est une priorité ? Ne serait-il pas préférable de laisser ces surfaces en prairies et en forets et d’installer des panneaux solaires sur des surfaces déjà existantes et disponibles aujourd’hui : toits des grandes surfaces, maisons, usines et hangars, etc… ?

Et bien sur, développer le solaire thermique. Bruler des énergies fossiles en été pour faire de l’eau chaude à des fins sanitaires est une aberration. Idem pour les piscines : chauffage solaire obligatoire. Des règlementations volontaristes devraient être instaurées en ce sens.

 

Ce ne sont que quelques commentaires. Il y en a bien d’autres : plan vélo, politique de transport, mutation de l’industrie, production d’hydrogène, etc… Ils ne peuvent tous être adressés, car l’article finirait par être long et ennuyeux.

En espérant quand même que les points mentionnés serviront de réflexion pour les plans qui seront rendus publics dans les prochains mois. En tout cas, il est clair que l’évolution de règlementations aujourd’hui inadaptées, la mise en place d’une politique en même temps incitative, directive et volontariste ainsi que la prise en compte effective et pragmatique de l’environnement permettront de réduire la consommation d’énergie en général et particulièrement celle des énergies fossiles, avec un déplacement vers l’énergie électrique, et donc d’avoir finalement un impact positif sur l’environnement et le climat.

 

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