Développement des énergies renouvelables : laquelle privilegier ?

Les énergies renouvelables contribuent aujourd’hui de manière significative à la production d’électricité, et leur développement va se poursuivre au cours des prochaines années : l’objectif 2030 de la France est que la part des énergies renouvelables dans la consommation finale brute d’énergie atteigne 33%
Au delà de ce chiffre, qui est une moyenne annuelle, se pose la question de la gestion quotidienne des sources d’énergie non pilotables, à savoir le solaire et l’éolien, ce qui a pour conséquence des sous productions ou des surproductions selon le degré d’ensoleillement et de vent.

La France, et l’Europe également d’ailleurs, commence à être bien dotée de centrales solaires, ce qui a pour conséquence une surproduction d’électricité durant la majorité du temps entre 10 heures et 16 heures entre avril et septembre, avec pour résultante un prix de marché négatif de l’électricité pendant ces intervalles de temps : le gestionnaire du réseau électrique paye pour se défaire de cette électricité en surplus. Cette situation n’impacte pas les producteurs qui ont un prix d’achat garanti, mais impacte d’une part le consommateur, qui compense cette différence de prix entre le prix garanti et le prix de marché par le biais d’une taxe : l’accise sur l’électricité (anciennement CSPE), et d’autre part les finances publiques pour le solde non couvert par cette taxe. Le montants annuel est significatif, puisqu’il devrait être supérieur à 5 milliards d’Euros en 2025
Ce mécanisme de prix garanti au producteur occulte donc la réalité de la situation : on investit aujourd’hui dans des centrales solaires pour produire un bien (l’électricité) dont le prix de marché est négatif pendant une partie de l’année.

 

Poursuivre des investissements dans les centrales solaires photoélectriques n’est aujourd’hui plus rentable, en tout cas au niveau de la nation, et ce type d’investissement doit être à court terme suspendu jusqu’à ce qu’un rééquilibrage entre production et consommation se fasse.

Pour ce qui est de l’éolien, la situation est assez similaire : l’arrivée dans les prochaines années des parcs d’éolien en mer, dont la puissance de chacun est souvent de plusieurs GW, va conduire à une situation de surplus en cas de vent soutenu, avec pour conséquence une chute du prix de l’électricité sur le marché pendant ces périodes.

Pour les mêmes raisons que le photovoltaïque, Il serait opportun d’arrêter les nouveaux investissements dans l’éolien, jusqu’au rééquilibrage entre production et consommation

Arrêt momentanée des développements sur le solaire et sur l’éolien, mais alors quelle énergie renouvelable va-t-on développer ?

En fait, la géographie de la France lui a permis de disposer d’une autre source d’énergie renouvelable, dont on parle peu mais qui produit tout de même environ 10% de l’électricité : l’hydraulique.
Les barrages au fil de l’eau et ceux de retenue d’eau ont été développés principalement après-guerre.
Aujourd’hui, le développement de l’hydraulique ne devrait pas se faire sur cette base traditionnelle, mais en créant de nouvelles STEP (Station de Transfert d’Energie par Pompage). 

En fait, il s’agit de disposer de deux retenues d’eau à des altitudes différentes, et de transférer par pompage l’eau du niveau le plus bas vers le niveau le plus haut pendant les périodes de surplus d’électricité, puis de transférer par turbinage en créant de l’électricité l’eau du niveau le plus haut vers le niveau le plus bas.
Pendant les périodes de surproduction d’électricité photovoltaïque entre 10 heures et 16 heures) ou éolienne (lorsqu’il y a du vent), cette électricité en surplus est utilisée pour pomper l’eau. Puis en période de besoin, c’est-à-dire en soirée lorsqu’il n’y a plus de soleil ou pendant les périodes au cours desquelles le vent est faible, l’eau est turbinée pour produire de l’électricité.
Ces STEP permettent de résoudre les problèmes de pics de production des centrales solaires et éoliennes, de rendre pilotable leur production d’électricité qui ne l’était pas, et ce en augmentant la part de l’hydraulique dans le mix énergétique français. Il s’agit finalement d’un stockage d’électricité  simplement avec de l’eau, de manière renouvelable.
Le rendement de ces opérations de pompage / turbinage est de l’ordre de 80%, c’est-à-dire que l’on récupère en turbinant l’eau environ 80% de l’énergie électrique qu’il a fallu dépenser pour pomper l’eau
Les STEP sont non délocalisables et leur valeur ajoutée est 100% locale.
La France dispose déjà de plusieurs STEP, pour une puissance installée de 5 GW. La plus grande est celle de Grand Maison / Le Vernet dotée d’une puissance de 1,8 GW, quasiment l’équivalent de deux réacteurs nucléaires.
La création de nouvelles retenues d’eau, plus haut ou plus bas, mais en tout cas proches de celles déjà existantes, permettrait de ne construire qu’une seule nouvelle retenue d’eau et devrait ainsi limiter l’emprise au sol de ces STEP.
EDF a dans ses cartons plusieurs projet de STEP (sur la Truyère par exemple). Ces projets nécessitent au préalable un accord avec la Commission Européenne sur l’exploitation des barrages français, la Commission Européenne réclamant une mise en concurrence des concessions de l’état français sur les barrages. Espérons que cette situation politique puisse se résoudre rapidement afin de permettre la création de nouvelles STEP absolument nécessaires à un rééquilibrage du mix énergétique français

Au cours des prochaines années, il faudrait installer de nouvelles STEP avec une puissance au minimum de 5 GW, l’objectif de 10 GW devant être la cible réelle.

Il ne s’agit donc pas de moins d’investissement dans les énergies renouvelables, mais d’une réorientation des investissements vers l’hydraulique, qui répond plus à la problématique actuelle de gestion des périodes de surplus et de déficit de production d’électricité, tout en valorisant l’électricité produite par le solaire et l’éolien, et ce avec un impact économique positif local, et également global pour les consommateurs et les finances françaises.

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